DICTEE

 
   

                            Texte de la dictée :                           

       Chausse-trappes

L'espace étendait à l'infini ses noirs profonds.

Comme arrivée au bord d'un abîme, l'amirale ne put contenir un frisson d'angoisse. Son regard glissa vers l'abaque qui lui servait de compteur de voyages.

— Quatorze cents voyages !

Après l'épidémie de 2006, le gouvernement avait dû choisir entre la disparition des volatiles et le sauvetage par transfert sur une planète aménagée en parc ornithologique. Un État de non-droit s'était instauré. Bien mal-en-point, les partis politiques ne purent s'opposer aux praxis articulées autour des religions. Un système de prébendes, accordées sans discernement et en toute iniquité, poussa l'Europe vers le chaos. Les frontières réapparurent. La France s'était laissé murer et ne s'était pas sentie mourir. Les gens s'en prenaient à l'art, détruisant toute iconographie. L'amirale tenta de convaincre quelques chanoines qui lui paraissaient de confiance.

— Les révolutions se sont délicieusement complu à semer du chanvre et du sel. Ne faudrait-il pas qu'elles fissent cas de ces trésors que nous ont livrés vingt siècles d'art religieux ?

— Combien ? — répondirent les malappris.

Il lui vint la crainte qu'ils ne l'eussent mal jugée et qu'ils décidassent de l'exécuter d'un coup de braquemart.

—  Messeigneurs, il s'agit de sauver le patrimoine artistique de l'Humanité. Pour vous, aucuns frais.

— Tout l'art du monde ? Combien voudraient être à votre place …

Quelques semaines plus tard l'amirale reçut les plus beaux chefs-d'œuvre que l'Eglise ait eu en sa possession. Tout fut transporté sur la planète des oiseaux.

Ce jour était celui du dernier voyage.

Soudain le vaisseau fut pris de secousses terribles.

L'amirale saisit le chadburn et hurla :

— Qui est aux commandes ?

— C'est moi — répondit une voix mi-enjouée, mi-inquiète — une petite erreur de trajectoire.

— Ma chère enfant quand on s'est trompée, on corrige son erreur.  Notre cargaison représente les derniers vestiges de l'art ecclésiastique.

— Et toc !

— Quoi et toc ?

— Tic et toc !

— Billevesée et coquecigrue, ma fille — conclut l'amirale— et dire que je t'ai portée neuf mois dans mon ventre !

 

 

 

Les trois meilleures copies 

1ère : Jocelyne Steinbach, 12 fautes 1/2, qui a reçu magnifique bouquet, offert par le fleuriste de Chevreuse, Bellinda

2ème : Martine Chaumont, 12 fautes  3/4, qui a reçu une superbe montre, offerte par le magasin Hors du Temps.

 3ème :  Marie-Annick Piron, 14 fautes, qui a reçu un exemplaire du Petit Prince, édition de luxe, et dédicacé pour le Salon du Livre par François de Saint Agay, petit-neveu et filleul d'Antoine de Saint Exupéry.

Un très grand bravo à toutes les trois !