Sara est
peintre, auteur et illustratrice d'albums pour enfants, réalisatrice,
photographe et auteur de théâtre. Elle est née le 17 mars 1950 à Nantes,
en France. Elle vit à Paris depuis 1971. En 2005, elle reçoit la Pomme
d'Or de Bratislava, qui récompense l'ensemble de son travail. Sara
utilise, dans tous ses albums comme dans son film A Quai, la
technique du papier déchiré. La plupart de ses albums sont sans paroles.
Ils sont réalisés en papiers déchirés et collés. Les déchirures, les
formes, les couleurs forment une sorte de langage, une grammaire au
service de l’expression d’émotions, d’instants, d’impressions, de
sentiments qui se passent de paroles.
Parcours artistique
Esthétique
L'esthétique de
Sara lui donne un rôle à part dans le monde de l'édition jeunesse, entre
art et illustration, entre art contemporain et arts appliqués. Dans son
entrevue avec J. Kotwica pour le La Revue des Livres pour Enfants, Sara
dévoile la relation particulière qu'elle entretient avec le langage.
[Beaucoup de gens]"privilégient l'idée d'une image, le concept
intellectuel qui la sous-tend, alors que pour moi c'est l'impression
qu'elle dégage qui est importante. (...) Il y a, dans mon geste lorsque
je déchire, une immédiateté, une proximité avec mes sentiments, que je
n'éprouve pas de cette manière avec les autres techniques. (...) Ce
n'est pas une technique d'illustration. (...) Mes images n'illustrent
pas. En quelque sorte, elles sont le texte. (...) Déchirer du papier,
c'est un langage. J'utilise cet autre langage."
Thèmes
Il est difficile de
distinguer les thèmes esthétiques des thèmes purement scénaristiques.
Peut-on dire que la couleur rouge, si présente dans l’œuvre en papier
déchiré, constitue un thème en lui-même ? La ville, la mer, les animaux
son présents dans la majorité de ses albums. Mais le thème récurrent, au
sens scénaristique du terme, de l’œuvre de Sara s’articule autour de la
solitude et de la rencontre entre deux êtres.
L'imagier de Sara, publié par la gallieriste Marie-Thérèse Devèze, a
révélé une cinquantaine de thèmes récurrents dans toute l'œuvre.
L'originalité de l'imagier est de s'intéresser autant aux œuvres
picturales qu'aux papiers déchirés.
Techniques
Sara utilise la
technique du papier déchiré pour deux sortes d’œuvres : les albums,
publiés chez des éditeurs jeunesse, et les tableaux de papier déchiré.
Une série de tableaux parisiens en papier déchiré a été exposée à
plusieurs reprises depuis sa création au cours de l’année 1995. Outre
ces albums et tableaux, elle a réalisé en 2004 un court-métrage d’un peu
plus de quatre minutes entièrement en papier déchiré. L’esthétique et la
narration sont complètement entremêlées chez cette artiste, et bien
avant qu’elle ne s’ouvre au cinéma les critiques ont mis en avant un
mode de narration cinétique, voire cinématographique. Le film A Quai,
qui circule régulièrement dans les festivals internationaux, est vendu
en DVD en accompagnement de l’album A Quai, réalisé à sa suite et édité
aux éditions du Seuil. La dualité de médias
narratifs permet de
donner deux points de vue sur une même histoire. Parallèlement, Sara
construit une œuvre de photographe et de peintre.
Références artistiques
Parmi ses
deux sources d’inspiration, l’une est très classique et l’autre concerne
des dessinateurs de Bande Dessinée, comme Hugo Pratt. Sara se dit très
influencée par les fresques de Michel Ange à la chapelle Sixtine, dont
elle raconte avoir admiré des heures durant les reproductions
lorsqu’elle était adolescente, ainsi que par Leonard de Vinci, et plus
proche de notre siècle, Henri Matisse. Du côté de la bande dessinée, il
semble que le trait libre de Hugo Pratt avec sa série Corto Maltese ait
joué sur les choix artistiques de Sara. Le peintre Giorgione, souvent
cité par l’artiste, constitue plus un modèle d’admiration qu’une source
d’inspiration.
Textes et théâtre
Outre les textes
des albums, simples et sobres, parfois empruntant au style argotique (Je
suis amoureux, Editions Circonflexe, 1999), Sara est l’auteur d’une
pièce de théâtre, S’envoler, mise en scène en 2006 par Violetta Wowczak.
Citations
A propos des livres
d’images
« Le désir de
faire ces livres m’est venu à un moment où je n’avais pas de quoi
m’acheter beaucoup de matériel, d’aquarelle, de peinture. Je n’avais que
du papier recyclé… J’ai voulu essayer de créer quelque chose avec
presque rien. Et je pense que c’est de là qu’est venue l’idée de les
déchirer. »
Entretien avec
Claude Hubert-Ganiyare, de La Joie par les livres, Avril 1991
« Je crée parce que
j’ai quelque chose à exprimer, mais je ne cible pas un public
particulier. (…) C’est en rencontrant des éditeurs que j‘ai pris
conscience que les livres d’images sont destinés aux enfants. Le
« marché » est organisé comme cela ! C’est très bien : qu’ils soient
petits ou grands, je ne mets pas de distinctions ou de hiérarchie entre
les êtres. C’est à l’être sensible que je m’adresse ».
Entrevue avec
Janine Kotwica, La Revue des Livres pour enfants, avril 2006
« La
peinture à l’huile me sert pour construire une image dans laquelle
formes et couleurs doivent vibrer et saisir un instant intense dont je
ne me lasse pas de chercher l’avant et l’après. Un album, ce sont des
images qui se suivent et racontent un temps distendu, seconde après
seconde, afin d’en saisir la moindre sensation. »
Entrevue avec
Janine Kotwica, La Revue des Livres pour enfants, avril 2006
« Les mots sont
souvent des armes, des munitions que les gens se jettent à la figure.
(…) Le style, c’est la discipline qui oblige les mots à baisser les
armes pour exprimer une pensée précise, par l’organisation la plus
simple et la plus belle. En réalité, c’est une définition qu’on peut
appliquer aussi aux images. »
Entrevue avec
Janine Kotwica, La Revue des Livres pour enfants, avril 2006
« Dans mes albums,
je ne distingue pas la couleur et la forme : je pense la couleur et la
forme en même temps. Elles sont l’intérieur et l’extérieur d’un être ou
d’une chose. Elles doivent servir la puissance d’expression ».
Entrevue avec
Janine Kotwica, La Revue des Livres pour enfants, avril 2006.
« Je ne crois pas
que les « univers partagés » soient une question d’âge. Le marketing
essaie de classer les gens comme cela mais des cœurs de tous âges y
échappent ».
Entrevue
avec Janine Kotwica, La Revue des Livres pour enfants, avril 2006
« Il n’y a pas
de formation sélective et diplômante pour apprécier mes albums. Plutôt
une tranche, relativement mince et assez particulière d’êtres humains ».
Entrevue avec Janine Kotwica, La Revue des Livres pour enfants, avril
2006
A propos du cinéma
« L’histoire est un
fil rouge qui maintient l’attention du lecteur ou du spectateur. Je ne
m’adresse pas à l’attention mais à la capacité émotive et visuelle des
lecteurs et spectateurs. »
Entrevue
avec Janine Kotwica, La Revue des Livres pour enfants, avril 2006
« Je dois être une cadreuse, comme disent
les photographes : travailler les masses, les lignes de force, puis les
faire basculer, les déséquilibrer pour qu’elles soient au bord de la
chute à un moment de tension intense ».
Entrevue avec Janine Kotwica, La Revue des Livres pour enfants, avril
2006
A propos de l’album
Révolution
« Je dois avouer
que je ne crois pas au succès des révolutions toujours récupérées par
des hommes de pouvoir. Mais je crois en la démarche, en la lutte, en
l’espoir »
. Entrevue avec
Janine Kotwica, La Revue des Livres pour enfants, avril 2006
« Celui qui a lutté
devient une métaphore, un étendard pour le suivant ».
Entrevue avec
Janine Kotwica, La Revue des Livres pour enfants, avril 2006
« Tous les enfants
n’ont pas le même univers intérieur. Je me souviens de ce garçon de dix
ans qui venait d’acheter, tout seul, Révolution et s’éloignait, le livre
serré sur son cœur. » Entrevue avec Janine Kotwica, La Revue des Livres
pour enfants, avril 2006
A propos de
l’album-film A Quai
« J’aime les
quais, les atmosphères d’arrivée et de départ et suis sensible au débat
intérieur du marin qui rêve de partir, libre de toutes attaches, sur la
mer, et, dans ce but, s’enferme dans des cargos de métal et se sangle
dans ces uniformes raides, inconscient de ses contradictions. »
Entrevue avec
Janine Kotwica, La Revue des Livres pour enfants, avril 2006
Œuvres
Œuvre cinématographique
A Quai
- Film réalisé par Sara et Pierre Volto, avec la musique de RadiKal
Satan.
Livres
Éléphants
- Éditions Thierry Magnier (2006)
Imagier de Sara
(collection Image Image) - Editions Art à la page (2006)
-
à quai, album et DVD, Éditions du Seuil
(2005)
-
La laisse rouge - Éditions Bilboquet
(2005)
-
du temps… - Éditions Thierry Magnier
(2004)
-
Révolution - Éditions du Seuil (2003)
-
Volcan Éditions Thierry Magnier (2002)
-
La petite fille sur l’océan - Éditions
Circonflexe (2002)
-
Joséphine au restaurant - Éditions
Circonflexe (2001)
-
Le loup - Éditions Thierry Magnier
(2000)
-
Le rat musicien - Éditions Circonflexe
(2000)
-
Je suis amoureux - Éditions Circonflexe
(1999)
-
Le chat des collines - Éditions
Circonflexe (1998)
-
Mon chien et moi - Éditions Epigones
(1995), épuisé
-
La nuit sans lune - Éditions Epigones
(1994), épuisé
-
C’est mon papa - Éditions Epigones
(1993), épuisé
-
Bateau sur l’eau - Éditions Epigones
(1992), épuisé
-
La longue route de Vagabonde - Éditions
Epigones (1991), épuisé
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Dans la gueule du loup - Éditions
Epigones (1990), épuisé
-
À travers la ville - Éditions Epigones
(1990), épuisé
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