Les enchanteurs de Romain Gary
Paru le 01/01/1988 Editeur
Gallimard (Editions) Collection
Folio 374 pages
Racontant l’histoire de la tribu Zaga, grande famille de saltimbanques
italiens, émigrés en Russie à la cour de Catherine II, les enchanteurs
nous racontent surtout le conflit et même le combat entre réalité et
imaginaire. Et au delà un combat contre la mort.
Cependant à l’issue de cette lutte inégale et désespérée, le héros
trouvera les mots pour créer de la beauté à partir de cette histoire
tragique, se réalisant enfin dans une nouvelle forme d’art et
d’enchantement qui sera l’écriture. Alors, pour vaincre la mort à qui
« il faut faire semblant de donner satisfaction afin de mieux la
tromper », il arrache Thérésina de ses griffes par la seule magie « de
l’encre, du papier, d’une plume et d’un cœur de saltimbanque. »
C’est une révérence à tous les cirques du monde, à tous les artistes qui
dépassent les limites de l’humain pour nous donner à rêver.
C’est finalement une ode à l’illusion. L’illusion non pas en tant que
tromperie (car là on tombe dans le domaine des charlatans et
des imposteurs), mais en tant qu’enchantement, c’est à dire un éclairage
qui met en valeur la beauté de la vie.
Et Nietsche a pleuré de Irvin Yalom
Editeur : Editions Galaade (30 août 2007) Collection : LITT. ETRAN. 430
pages
Voilà les balbutiements de la psychothérapie et de la philosophie
Nietzschéenne racontés de façon simple et exemplaire par le dialogue de
deux «monstres» de réflexion dont les discussions successives vont les
rendre «symbole» d'une amitié parfaite, celle qui respecte, celle à
laquelle on peut faire confiance, et donc grâce à cette confiance guérir
!
A travers des dialogues d'une grande richesse intellectuelle (mais à la
portée de tous) l'auteur nous fait pénétrer dans le «cercle» intime de
deux êtres blessés qui vont devenir ami et par conséquence guérisseurs
l'un de l'autre! Avec les premières techniques d'accouchement de la
douleur par la parole, «le ramonage», comme ils l'appellent entre eux,
ils vont devenir des «sage-hommes» et extirper ainsi leur mal- être.
Celui qui croyait prendre va être pris et vice-versa, le médecin devient
patient et inversement !
Au départ la méfiance entre eux est un ... mur de briques mais
intelligent... (page 140) et peu à peu le mur se déconstruit. … Puis la
première personne n'arrive pas à faire le pas... (page 146) et leurs
immenses solitudes se rejoignent.
Et phénomène plus étrange encore, le troisième «soi» en lisant les
dialogues participe à l'échange de façon tellement naturelle qu'il en
sort aussi guérit que les deux personnages !
Bref livre à boire sans modération ! Bon pour la santé mentale !
Beach Music de Pat Conroy
Editeur : Albin Michel (26
septembre 1996) 701 pages
Le plus savoureux des romans de Pat CONROY, Beach Music, nous permet
d’entrer dans l’univers si particulier, lyrique et émotionnel de cet
auteur épris de la Caroline du Sud ; sa terre d’enfance. Entre Rome et
Waterford, se tisse une histoire inter générationnelle de toute beauté.
A lire en priorité !! Un coup de cœur pour l’ensemble de ces ouvrages.
Lune captive dans un oeil mort de Pascal Garnier
Editeur : Zulma (8 janvier 2009) 156 pages
Un couple à la retraite part dans le sud de la France. Résidence senior
hyper protégée, maisons parfaitement identiques…. Enfants ou petits
enfants interdits au-delà de 15 jours par an… Animaux interdits… Mais !
Piscine, club-house, gardien etc. La résidence ne se remplit que
modestement. Après plusieurs mois d’hiver (où il ne pleut « que» tous
les deux jours !) un autre couple arrive qui parait (de loin) très
jeune… Puis une femme seule… Des quiproquos… Des situations très
amusantes ou dramatiques… Des personnages attachants ou énervants ou
antipathiques, tous avec une fêlure de la vie… Là des phrases à se
tordre… Ici d’autres à « mijoter »… Un petit livre sans ennui !
Humour très noir… ! On rit ! Puis tout bascule…
Pascal
Garnier, écrivain français né le 4 juillet 1949. En faisant des
recherches (j’avais très envie de le relire) j’ai découvert qu’il est
décédé le 5 mars 2010. Heureusement il a laissé pas mal d’ouvrages !
(dont un roman policier « L’A26 », à lire aussi !)
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Purge /
Sofi Oksanen, trad. S. Cagnoli
Ed Stock, août 2010, 408 p.
Dans une Estonie tourmentée tour à tour
occupée par les Russes puis les Allemands et à nouveau par les Soviétiques, deux
récits entremêlés, brutalisés par l’Histoire, deux destins de femme. L’une,
Aliide, vieille paysanne solitaire, qui a traversé les années d'occupation
soviétique, l’autre Zara., une jeune fille, née en Russie dans les années 1970,
qui en succombant aux charmes du capitalisme s'est retrouvée enferrée dans un
réseau de prostitution.
Un roman dense sur la noirceur de l'âme humaine, les horreurs commises,
vécues mais surtout tues...un roman qui décrit combien le monde post-communiste
se révèle aussi impitoyable que l'époque qui l'a précédé...
Non pas un livre coup de cœur mais un véritable coup au cœur, dont on ne sort
pas indemne…
Prix Fémina
étranger 2010
La route /
Cormac McCarthy, trad. J Esch
ed de l’Olivier,
janvier 2008, 256 p.
L’histoire d’un homme et son enfant sur une route qui
dorénavant mène à nulle part, dorénavant car l’histoire se situe dans un monde
post-apocalyptique,
où l’humanité a presque totalement disparu,
sur une terre réduite en cendres par un cataclysme,:
« Les
nuits obscures au-delà de l'obscur et les jours chaque jour plus gris que celui
d'avant. »
Un roman qui plonge le lecteur dans une horreur
difficilement imaginable ; ne
serait-il pas
plus simple pour cet homme et
son enfant d’en finir définitivement avec toutes ces souffrances qui jalonnent
leur existence, l’espoir n’étant plus désormais qu’une évocation mais qui
surnage malgré tout, donné par l’amour de cet homme pour son fils.
Un roman grave, sombre ; c’est une leçon de vie qui nous est donnée. A méditer…
Prix Pulitzer
en 2007
Ce livre a été adapté
au cinéma en 2009 par John Hillcoat dans le film The Road.
Le
poète / Michael Connelly, trad. J Esch
éd
Seuil (poche), juin 1998, 544 p.
Le Poète
a comme cadre le monde de la pédophilie et les meurtres de policiers.
Chaque victime est retrouvée avec, à ses côtés, une lettre d'adieu composée
d'extraits de poèmes d'Edgar Poe.
Enquête minutieuse, intrigue palpitante, suspens toujours plus dense, un
polar captivant !
Bifteck /
Martin Provost,
éd Phébus, décembre 2010,
124 p.
A Quimper, pendant
la Première Guerre mondiale, André Plomeur, boucher, assume le devoir conjugal
des hommes partis au front. Jusqu'au jour de l'armistice, où il se retrouve père
de sept enfants et poursuivi par un mari jaloux. Afin de protéger la chair de
sa chair pour laquelle il se découvre un amour infini, il décide de prendre la
mer et de rallier les lointaines Amériques.
Une fable bourrée de tendresse, loufoque, savoureuse, à déguster d’urgence !
Le goût
des pépins de pomme / Katherine Hagena, trad
Bernard Kreiss
Ed Anne Carrière, 2010, 268 p.
L'histoire de trois générations de femmes
d'une même lignée, dont le destin a souvent été dramatique. Dans la maison, où
flotte un parfum de pommes et de vieilles pierres, Iris retrouve peu à peu ses
souvenirs d'enfance, au contact des vieux meubles, des livres, des arbres et des
fleurs du jardin.
Roman plein de tendresse, de poésie, qui a
le goût doux-amer que peut laisser l'enfance.
L’enfant
pain – Agustin Gomez-Arcos
Seuil, 1983, 314 p. – réed Poche, 1987
Se déroule dans un village d’Andalousie
après l’arrivée du franquisme.... Des personnages
pittoresques ou burlesques tempèrent la détresse de cette famille
républicaine qui n'en finit pas de payer le prix de son engagement aux côtés des
" rouges ".
Une lecture
bouleversante, qui donne une autre vision de cette période.
Le temps
de Franco / Michel del Castillo,
Fayard, octobre 2008 – réed Livre de poche,
novembre 2010, 320 p.
Biographie – Portrait de Franco dont
l'histoire singulière est liée à jamais à celle de l'Espagne et de ses
contradictions.
Un récit objectif, inattendu, passionnant.
Pourquoi lire ? / Charles Dantzig
Grasset, octobre 2010, 250 p.
Essai – Mais oui, pourquoi lire? Charles
Dantzig s’interroge, et répond …pour se faire des amis, pour pouvoir dire qu’on
a lu, pour se consoler, pour trouver des réponses, pour voyager, pour se
souvenir, pour oublier.… pour conclure finalement « lire ne sert à rien ». Ça ne
sert à rien, mais c’est indispensable, c’est nécessaire, c’est vital Pourquoi
lire? Parce que…
Un essai amusant, sensé, malicieux, à
picorer…
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Les Larmes de la girafe/
Alexander McCall Smith,
éditions 10/18, juillet 2010
"Depuis qu'elle a ouvert la première agence de détectives au féminin du
Botswana
la très pulpeuse Mma Ramotswe a trouvé le bonheur... "
"Cette dame est ma fiancée,
expliqua-t-il, elle s'appelle Mma Ramotswe et je souhaite lui acheter une
bague à l'occasion de nos fiançailles. Une bague en diamants, ajouta-t-il
après une brève hésitation. (...)
- Vous avez beaucoup de chance, affirma le joailler. Tous les hommes ne
trouvent pas de grosses femmes sympathiques comme celle-ci à épouser. De nos
jours, la plupart sont maigres et tyranniques. Cette femme-ci va vous rendre
très heureux. "
Un polar à déguster tant pour son intrigue que pour la promenade dans la
société botswanaise.
Un humour bon enfant baigne tout le livre, voici un passage qui m'a bien
plu; différence de culture!...
Le
petit chaPUBron rouge / texte de Charles Perrault illustré par Clotilde
Perrin et un collectif d’illustrateurs pour les « publicités » ; éditions
Rue du Monde, septembre 2010.
Un album pour enfants que
les parents vont adorer !
Après la pub à la télé, voici la pub dans les livres. Le petit
chaPUBron rouge propose le conte traditionnel du Petit chaperon rouge
(la version de Charles Perrault) mais entrecoupée de « réclames »
publicitaires, réalisées à partir de passages du conte...
Plusieurs des auteurs de ces fausses publicités sont des illustrateurs que
dans la Vallée nous aimons beaucoup et que nous connaissons bien parce que
déjà invités sur notre Salon : Zaü, Martin Jarrie, Judith Gueffier, Pef…
C’est original, c’est drôle, c’est décalé ; une très belle
réussite !
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Un
diamant brut : Vézelay-Paris 1938-1950 / Yvette Szczupak-Thomas.-
éditions Métailié, avril 2008, 438 pages
Yvette Thomas est une fille de l’Assistance
publique. Elle est placée dans des familles à la ferme. Dans la première,
maman Blanche, est tout amour. Mais elle en est arrachée et la voilà chez
Germaine, une patronne odieuse et méchante. Pour résister, Yvette garde en
tête les recommandations de maman Blanche : 'Quoi qu'il arrive, tu dois
toujours agir en restant dans Ta vérité... tout garder dans la tête et ne
rien montrer au dehors.' Yvette tête de pioche retiendra la leçon et tiendra
jusqu'au bout. Un jour débarquent dans sa cour des parisiens, monsieur et
madame Zervos qui détectent chez Yvette un don naturel pour l’art. Et la
voilà adoptée par les Zervos, des collectionneurs d'art, des éditeurs, des
mécènes riches en amis artistes. Commence pour Yvette une nouvelle aventure…
Cette autobiographie, véritable œuvre littéraire, alterne les descriptions
de situations dramatiques et violentes avec des scènes pleines d’humour et
d’humanité qui font du bien. Un petit bijou !
Rosa candida / Audur Ava Olafsdottir, trad de l’islandais par
Catherine Eyjolfsson Zulma éditions , décembre 2010
Le voyage initiatique d'un
jeune homme dont la passion des roses et plus particulièrement de
la rosa candida, la rose à huit pétales, le conduira jusque dans un
monastère d'un pays lointain. .
Entre conte et roman, beaucoup de poésie, de tendresse, une très belle
réussite.
Surdouée / Nkita Lalwani, Flammarion, 334 pages
Rumi est une enfant surdouée
des mathématiques et à 14 ans, elle prend le chemin de
l’université d’Oxford. Mais peu à peu, l’adolescence va transformer le
petit prodige obéissant. Rumi ne pense plus qu’à l’amour alors que ses
parents sont obsédés par la réussite. Entre les deux générations, un
fossé se creuse inexorablement.
Beaucoup de sensibilité dans ce roman sur les combats intérieurs de
l’adolescence.
Le troisième jour / Chochona Boukhobza, Denoël, août 2010, 412 pages
Dans les années 90, durant trois jours, nous
suivons deux femmes, Elisheva, musicienne connue dans le monde entier, et
Rachel, son élève violoncelliste. Elles arrivent de New York pour un
concert à Jérusalem, qu’elles ont quitté cinq ans auparavant.
Elisheva a pour projet secret de venger sa famille exterminée par les nazis
durant la seconde guerre mondiale tandis que Rachel appréhende les
retrouvailles avec sa famille, ses amis, son amour perdu…
Deux histoires qui se superposent pendant ces trois jours qui vont
bouleverser la vie de chacun des personnages, avec au centre du roman,
Jérusalem, l’amour, la vengeance et la musique ; cette musique qui peut
sauver et détruire.
Trois jours intenses qui ne vont pas laisser personne indemne, pas même,
et surtout pas le lecteur.
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La
femme de l'Allemand /
Marie
Sizun, éditions Arléa, mars 2007, 242 pages
L’histoire bouleversante d’une mère maniaco-dépressive
et de sa fille en proie à des sentiments contradictoires pour sa mère : elle
éprouve beaucoup d’amour et d’admiration pour celle qui n’est pas comme les
autres mais aussi de la peur et même de la honte pour celle qui sombre dans
la folie.
Un livre magnifique, sensible dont l’écriture sans effets est d’une
grande délicatesse.
Prix des Lectrices de Elle Roman 2008
Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom / Barbara Constantine,
Editeur : Calmann-Lévy (6 janvier 2010) 260 pages
Prix Charles Exbrayat 2010
Tom a 9 ans. Il vit seul avec sa mère dans une vieille caravane déglinguée.
Et des deux, c’est lui le plus mature…Il faut dire que sa mère, Joss, l’a eu
alors qu’elle n’avait que 13 ans et demi.
Comme Joss part souvent le week-end, il doit se débrouiller tout seul et
pour cela va « chaparder » dans les potagers des voisins. Un jour, il trouve
une vieille dame, Madeleine, 93 ans, tombée dans son jardin…
Un livre plein de tendresse aux personnages très attachants.
Au-delà
des pyramides /
Douglas
Kennedy, Editeur Belfond, mai 2010.310 pages
En 1985, alors qu’il était tout jeune journaliste, Douglas Kennedy décide de
partir tout seul, sac au dos, découvrir l’Egypte.
Ce sont ses notes de voyage, tenues au jour le jour, qui vont être à
l’origine de son premier livre.
Un regard intelligent, curieux, des réflexions pleines d’humour sur une
Egypte inattendue, loin des sentiers battus, loin des charters de touristes…
Concerto à la mémoire d'un ange /Eric-Emmanuel Schmitt,
éditions Albin Michel , mars 2010. 229 pages
Fidèle de la bibliothèque
de Chevreuse, j'évite depuis toujours les nouvelles. Dernièrement,
influencée par Béatrice (bibliothécaire), j'ai lu "Concerto à la mémoire
d'un ange" d'Eric-Emmanuel Schmitt et, contre toute attente, ces quatre
nouvelles furent une vraie récréation. Cet ouvrage constitue un ensemble
cohérent, un condensé d'émotion.
Petite note d'humour, Eric-Emmanuel Schmitt, parfait metteur en scène, tend
un fil rouge, Sainte Rita, patronne des causes désespérées.
Goncourt de la Nouvelle 2010
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