Né en 1941, Joël Martin, petit dernier de quatre enfants, reçoit, potache, la révélation contrapétique en dévorant « La Redoute des Contrepèteries » de Louis Perceau, puis « L'Art du Contrepet » de Luc Étienne.
L'auteur rattrape ses études à Normal'Sup, rue d'Ulm, en 1962. Il y fait de la physique, mais aussi de la musique (piano et clarinette).
Cette double formation scientifique et musicale prédispose sans doute à la merveilleuse alchimie sonore du Contrepet où les mots sont combinaisons musicales, puisque Luc Étienne, son père spirituel ès-Contrepet, Comtesse du Canard Enchaîné pendant 27 ans (de 1957 à 1984) était violoniste, altiste et prof de maths. Au début des années 80, Joël Martin se lance dans la composition contrepétulante. Il a la joie de voir ses premières trouvailles publiées dans l'Album de la Comtesse à la mi-81. Une de ses premières n'était d'ailleurs pas gaillarde, mais hautement subversive : « Giscard est revenu de Centre-Afrique avec des diapos plein les manches ». Il ne tarde pas à nouer une amitié profonde avec Luc Étienne, contrepétillante, bien-sûr, mais surtout musicale puisque, avec d'autres complices, ils joueront le trio des quilles et le quintette avec clarinette et quatuor à cordes de Mozart.
Luc Étienne, ce pape du Contrepet, disparaît hélas fin 1984. Joël Martin devient la nouvelle Comtesse du Canard et distille semaine après semaine force contrepets d'actualité, puissamment aidé par de nombreux et talentueux lecteurs du célèbre hebdomadaire satirique.
Entre temps, il s'est lancé dans la contrepèterie pour les enfants en gommant, bien-sûr, l'aspect rabelaisien du genre. Il a publié, avec l'excellent illustrateur Rémy Le Goistre, quatre bouquins chez Albin Michel et un au Seuil, ce dernier, Contrepétarades, étant réédité dans la collection « Point-Virgule ». Joël Martin est souvent invité le samedi dans des classes primaires à Limoges, Maubeuge, Troyes, Colmar, Flers, Lyon, Pithiviers (il a obtenu le Prix 1997 du Salon du Livre de cette riante cité pour La Vie des mots), Nîmes, Vaux-le Pénil, Pontorson, Igny, Beaugency, Annecy, Paris, Gif-sur-Yvette, Noisy-le-Sec et j’en oublie, où il raconte aux enfants des histoires pleines de Lapons marins qui mangent des lapins marrons, de bergers qui ont des chats dans leur troupeau et des trous dans leur chapeau, de daims qui mangent des grenouilles et de gredins qui mangent des nouilles. Et aussi d'éleveur fada qui déclare : « J'ai du piment pour mes dix canards, et j'ai du pinard pour médicament. » Ces ouvrages sont même utilisés par des orthophonistes pour soigner la dyslexie chez les enfants. Malheureusement, ils (les ouvrages, pas les orthophonistes) ne sont pas (encore) remboursés par la Sécu…

Physicien à Saclay, retraité depuis le 1er octobre 2006, ancien marathonien et alpiniste, Joël Martin ne fait la bombe qu'autour d'une bonne table. Il est grand-père de six petits-enfants, père de six enfants et de plus de 60.000 contrepèteries publiées dans 24 bouquins et dans l'Album de la Comtesse hebdomadaire (une vingtaine par semaine depuis plus de 35 ans). Il dispose de réserves secrètes et il continue à pondre, sans cesse et sans fin.