Dima Abdallah est une écrivaine française née à Beyrouth, ville qu’elle a quittée à 12 ans pour venir à Paris. Elle a suivi des études d’archéologie. « Bleu nuit » est son second roman. Le premier, intitulé « Mauvaises herbes » a obtenu le prix France-Liban en 2020.

 

Prix Michel Tournier 2023 Sélection Adulte

« Bleu nuit » de Dima Abdallah – Sabine Wespieser éditeur – 2022

Règlement et vote
 

Un homme ferme la porte de son appartement, descend l’escalier, se trouve dans la rue et jette ses clés dans une bouche d’égout. Il a décidé de devenir SDF. Comment en est-il arrivé là ? La veille, en habillé en deuil, au lieu d’aller aux funérailles de la femme qu’il aime, il a nettoyé de fond en comble son appartement.

Dans la rue, au fur et à mesure que passent les semaines, il rencontre systématiquement les mêmes personnes, des jeunes filles ou des femmes dont le prénom, comme celui de sa bienaimée, se termine par un « a ». Le livre est une déambulation circulaire, dans des rues du 20ème arrondissement de Paris, sur laquelle des souvenirs et des sensations s’inscrivent en surimpression. Le bleu ou bleu nuit est cité 51 fois. C’est à la 47ème fois que le bleu nuit atteint le stade de couleur primitive, au moment où s’imposera un autre prénom qui n’est pas formé sur le modèle précédent.

La condition de SDF est extrêmement dure. C’est une vie de chien et c’est justement une chienne qui s’invite dans cette errance différente et y prend une place centrale.

Le lecteur peut d’ailleurs se poser la question suivante : si ce n’était pas une chienne, qui serait-elle ? Il peut aussi se demander quelle est la place de l’animal chez l’homme, dans tous les sens de propres et figurés de ces termes.

Ce livre est très profond et ne se laisse comprendre que progressivement, par accoutumance et imprégnation. Il illustre le concept de mémoire poétique inventé par Milan Kundera dans « L’insoutenable légèreté de l’être ».